Salut et Fraternité,
Jeudi dernier avait lieu la commémoration du 11 novembre 1918, rappel au souvenir de ce conflit majeur dans l’ère moderne, pour la mémoire des personnes qui ont péri pour la France sur le champ de bataille, commémoration qui depuis 10 ans a été élargie à la mémoire de nos soldats tués dans les conflits engagés par la France.
La cérémonie a été présidée par le Maire à Lusignan-Grand puis à Saint Hilaire de Lusignan.
Après la lecture de la lettre de la Ministre des Armées, la citation des saint-hilairiens et militaires tombés au combat, le dépôt de gerbe au pied du monument, une minute de silence a été observée dans le recueillement en présence des représentants des anciens combattants (FNACA). Pour des raisons sanitaires, l’école primaire de la commune n’a pas eu cette année la possibilité d’y participer. Certains enfants présents ont toutefois déposé des bouquets champêtres à côté de la gerbe. Le devoir de mémoire est important.
Je souhaite à mon tour apporter mon souvenir à cette journée. Mon arrière grand-père est parti début 1915, passé l’âge d’enrôlement, comme soldat volontaire dans cette guerre contre l’Allemagne. Rentré fin 1918, victime des gaz chimiques, il en portera les stigmates jusqu’à l’amputation de ses deux jambes. Sacrifices d’une lutte contre un ennemi désigné pour le premier conflit le plus meurtrier de l’Histoire. 90 ans plus tard après l’engagement contre l’Allemagne, mon fils commençait un parcours franco-allemand qui l’a amené du primaire à l’université à suivre une scolarité dans les deux pays. Hasard de l’histoire ? Pas tant que ça.
Les ennemis d’hier ont pu devenir ou sont devenus nos amis d’aujourd’hui. N’oublions pas le « Plus Jamais Ça !» tant souhaité par le peuple français en 1919 après l’hécatombe de «La Der des Ders ».
Pour supplanter le fort ressentiment persistant, il aura fallu, en 1951, la volonté européenne de Jean Monnet, incluant l’Allemagne, afin d’éviter toute récidive nationaliste, de haine fratricide entre des pays et des peuples si proches. Nos morts se sont donc battus pour que la Paix soit le préalable et la garante des fondements d’une Liberté et bien évidemment d’une Fraternité entre les peuples.
Des millions d’histoires de la Grande Guerre ont été présentes dans des familles et se racontent sans doute encore si elles ne sont pas enfouies à jamais. Mais le temps a fait son œuvre et il ne reste bien souvent à la surface de la mémoire des plus jeunes générations que le roman national, narration romancée d’un pays sur sa propre histoire et qui participe à l’identité nationale. Mais ce récit est très différent de l’Histoire qui dans sa recherche s’enrichit, évolue, explique ou contredit parfois le récit politique.
A cause d’une montée actuelle de la haine alimentée bien souvent par un nationalisme exacerbé, un ostracisme inhumain et une amertume sans limite, le bruit des bottes ne s’est jamais fait aussi fort depuis longtemps sur notre territoire européen. On ne peut rester indifférent à ces discours et à l’instrumentalisation de la mémoire. Nos valeurs et nos symboles ne doivent plus se défendre ainsi, par des barbelés et des tranchées. C’est aussi à cela que doit servir le 11 novembre.
La Fraternité entre nous, entre les peuples, sera indispensable pour affronter les défis de demain. Pour « que jamais ne revienne le temps du sang et de la haine », je vous invite à écouter sinon réécouter Barbara dans ses deux interprétations de Göttingen, en langue française et en langue allemande, ainsi que Pomme dans sa nouvelle version.
Bonne écoute et à bientôt !
Gaëtan Vastesaeger, conseiller municipal.